each day brings its calm
a dull murmur that flows through the cloakroom of history
each day unravels itself in the effervescent little pangs
of a metal strip dissolved in a glass of soda water
in which are reflected escalators and well-oiled turnstiles
for a man who doesn’t exist
we are fragile dandruff
restored reels of melancholic films
flooding an empty hall with a tang of bitter loneliness
the scratched records that a master of ceremonies insists
on having crackle under the diamond of a star
so as to rediscover the thread of unfinished rites
the harmonies of despair
the cracked plates that twirl on nimble sticks
like the gouged eyes of a mad god
in the disenchanted night
we stir our little patch of sky with the twisted
spoon of yesterday’s feasts in the rain of stone gardens
harried by builders’ catapults
a hail of small coins
it’s hardly as if the chorus of the dead
begging for silence can make itself heard
shall we find the patience this evening
to make some ashes speak
to break through our network of moles thirsty for meaning
into the vitreous entrails of the leviathan
to seduce language
with our crumbled images and our vague thrills
to propose a memory for these thankless times
when a first thought settles
like a butterfly afire
on the thong of the dead stripper
suffocating in her pyramid of cream puffs
Translation: Roger Little
chaque jour nous apporte son calme
une rumeur maussade qui parcourt les vestiaires de l’histoire
chaque jour se dénoue dans les petites affres effervescentes
d’une languette de métal dissoute dans un verre de soda
où se reflètent escaliers mécaniques et tourniquets graissés
pour un homme qui n’existe pas
nous sommes de fragiles chutes de pellicule
bobines restaurées d’un métrage mélancolique
inondant une salle vide d’un relent d’aigre solitude
les disques rayés qu’un maître de bal s’acharne
à faire crépiter sous le diamant d’une étoile
pour retrouver le fil des rites inachevés
les harmonies du désespoir
les assiettes fêlées qui tournent sur les baguettes d’initiés
comme les yeux crevés d’un dieu fou
dans la nuit désenchantée
nous remuons notre petit carré de ciel avec la cuillère
tordue des festins d’hier dans la ruine des jardins de pierre
harcelés par la fronde des bâtisseurs
une grêle de petite monnaie
c’est à peine si se laisse entendre
le chœur des morts venus quémander le silence
saurons-nous ce soir trouver la patience
de faire parler quelques cendres
de percer notre réseau de taupes assoiffées de sens
dans les entrailles vitreuses du léviathan
de séduire le langage avec
nos images en miettes et nos frissons vagues
pour offrir une mémoire à ces temps ingrats
alors qu’une première pensée vient se poser
comme un papillon de feu
sur la cache-sexe de l’effeuilleuse morte
étouffée dans sa pièce montée